Lettre ouverte d’un républicain opposant à Macron à un rallié à Macron

Verbetim d'étonnantes discussions entre amis

Cher ami, Nous avons tous deux voté pour François Fillon en 2017. Malgré les costumes, malgré Pénélope, bien que nous n’ayons pas forcément voté pour lui aux primaires, nous n’avons pas rejoint Macron au cours de la campagne.

Pourtant, tu as appris à apprécier le Président.

Je te comprend un peu. Tu es généralement cadre supérieur, tu n’es pas nécessairement impliqué dans la politique et tu n’aimes pas le sectarisme.

Tu as apprécié qu’enfin un homme jeune, dynamique, beau, passé par le privé, non blanchi sous le harnais des combinaziones politiques, ait été élu.

Tu penses qu’il a fait des choses que la droite n’a jamais su faire, supprimé l’ISF, simplifié les licenciements et la vie de ton entreprise.

Tu penses qu’il n’y a pas d’alternative, que le programme du RN est marxiste voire raciste et que l’Algérie Française ou la collaboration avec l’Allemagne en 41/44 n’a guère été un grand succès.

Tu en penses pratiquement autant de Laurent Wauquiez et d’une bonne partie des républicains. Tu t’es souvent abstenu aux européennes juste pour ne pas voter pour Nadine Morano.

Tu as vu de ta fenêtre des antifa casser des voitures, peut être la tienne d’ailleurs, le samedi. Tu crois que les gilets jaunes, ce sont des cas sociaux et des extremistes. Tu as vu l’idiot du village sur le rond point de la Grand Route.

Tu trouves que Benalla, par rapport à Tapie et Balkany, c’est véniel.

Tu penses qu’être contre les hausses de carburant alors que l’Amazonie brule, c’est à courte vue, surtout de la part de gens qui consomment plus de cigarettes et d’alcool que de carburant (source INSEE).

Et quand on te dit que Macron serait ultra libéral, Tu regardes ta feuille d’impôts et tu rigoles. Comme je te comprend !

Puisqu’on en parle d’ailleurs, comment vit tu le fait qu’aucune économie n’ait été faite par notre état énarchique? Que les dépenses continuent de galoper, malgré la dégradation du réseau routier et ferré, des remboursements de la sécurité sociale et des indemnités chômages. Ça ne t’inquiète pas un peu ?

Alors je voulais te parler de ma vie à moi, celle des membres d’EAF, généralement dirigeants de PME, et donc de la majorité des français qui travaillent en grande majorité dans des PME.

Tout d’abord, mes licenciements à moi se sont renchéris de 25 %. C’est pour les fraudeurs que le licenciement est moins cher. Il fallait y penser, taxer les honnêtes entrepreneurs et détaxer les légers et les fraudeurs.

Ma vie ne semble pas s’être simplifiée. J’ai toujours autant de mal à recruter et je me refuse à importer des ingénieurs étrangers ou à délocaliser. J’ai subi l’an dernier la nécessité de déclarer, moyennant 100 Euro par société, le bénéficiaire effectif de mes sociétés.

J’ai subi cette année le prélèvement à la source. J’ai déjà eu deux amendes pour déclaration tardive, annulées après moult débat parce que c’était une erreur de l’administration. Que de temps perdu ! Cela me coûte et je n’y gagne rien. D’ailleurs à titre personnel l’Etat me prélève trop depuis 8 mois et je désespère de revoir le trop perçu.

J’avais subi la même chose pour les dividendes il y a 4 ans. Tu vas me dire, j’ai bien de la chance d’avoir des dividendes. Certes, mais à trop paperasser j’en oublie de recruter. Comme je ne suis pas bien riche, je ne gagne rien au prélèvement forfaitaire accordé par le Président sur lesdits dividendes.

Tu as sans doute oublié que Jacques Chirac avait aboli l’ISF. Et tu as oublié qu’il n’est pas aboli. Supprimer l’ISF pour les milliardaires et pas pour les millionnaires, il fallait y penser.

J’ajoute que depuis la disparition de la niche ISF, il n’y a plus moyen de lever des fonds en quantité suffisante pour moi et mes amis. Arrêter le ruissellement au casino de Deauville, il fallait y penser.

Je reconnais que c’est moins mauvais que le début de l’ère Hollande qui sous l’inspiration de son conseiller économique, Emmanuel Macron, avait assassiné une reprise naissante. Cette fois on en a quand même un tout petit peu.

Les gilets jaunes que je fréquente posent des questions censées : pourquoi des taxes sur les véhicules particuliers et pas sur les avions ou les bateaux, qui génèrent plus de souffre et qui en plus aident les délocalisations ? Ben oui, pourquoi ?

Notre politique d’alliance avec le moyen orient riche en pétrole qui boucle nos fins de mois et notre mépris de toutes les puissances émergentes va nous coûter. Mépriser l’avenir et s’allier avec le passé, il fallait y penser.

Derrière les antifa, que Greta Thurnberg affiche sur son t-shirt en cuisant au gaz la nourriture vegan lyophilisée dans son bateau en fibre de carbone financé par BMW avec un équipage arrivé par avion, et qui sont plus alliés du préfet que des gilets jaunes, il y a eu en 2018 une immense quantité de français, majorité, qui a adhéré et participé au mouvement. J’ai eu le moyen de vérifier que plus de la moitié de la population a changé de comportement les trois premiers samedi. C’est une situation pre révolutionnaire et cataloguer comme tu le fait ces gens ainsi, voire espérer qu’on les bastonne un peu plus, c’est appeler à la révolution et à la guillotine et ce n’est bon pour personne.

Ne méprises ni le peuple ni le RIC. La Suisse a aboli la peine de mort bien avant nous, par une série de RIC. Et ce qui sauve notre croissance cette année, ce sont les mesures que les gilets jaunes néanderthaliens ont imposé au président des sachants.

Pas d’alternative dit tu ? Tu préfères Griveaux à Villani peut être ? Villani, à gauche, a une puissance intellectuelle et une honnêteté bien au-delà de ses pairs. Il fait bien plus envie que Griveaux ou Loiseau. Il a un gout d’avenir et de renouveau. Et il arrive « de nulle part ». Il faut une alternative modérée, à droite et à gauche, sinon les français iront à celles que tu ne souhaites pas.

Souviens-toi de Louis Philippe et de Giscard. Napoléon III et de Gaulle, ça a quand même mieux marché. Et Clémenceau aussi d’ailleurs. La reprise mondiale est à la peine, les budgets militaires augmentent, les banlieues sont d’un calme coupable, le pétrole s’épuise.

Rejoins-nous vite pour trouver un Villani de droite. Car l’hiver arrive…

Avec toute notre amitié,